Who run the world? (ft Yelena)

Les bras croisés en travers de sa poitrine, un verre d'un whisky hors de prix dans la main, Sharon fixait la salle en contrebas. Comme bien souvent, la fête battait son plein, mais le triple vitrage qui séparait son bureau de la salle bloquait totalement la musique. De toute façon, elle n'avait jamais trop été une fêtarde. Que ça soit avant, ou depuis qu'elle s'était installée à Madripoor. Avant ça, elle faisait passer le SHIELD et le pays avant tout le reste, et depuis... avec un empire criminel à gérer, elle n'avait pas le temps pour toute ces futilités. Après, il fallait bien sauver les apparences pour le autres. Depuis qu'elle avait prit le pouvoir, elle était devenue une grande adepte du vieil adage qui disait panem et circenses.  Le meilleur moyen de tenir en laisse une horde de criminels qui n'aspiraient qu'à lui planter un couteau dans le dos pour prendre sa place, c'était encore de faire en sorte qu'ils soient trop occupés pour songer à le faire. Même si au fond, elle ne craignait pas plus que ça les ambitieux. En huit ans, elle avait fait en sorte que tout le monde ait bien trop peur du Power Broker pour ne serait-ce que songer à s'en prendre à lui. Et même dans le cas très peu probable ou quelqu'un essayerait de renverser la tête pensante de Madripoor, il fallait encore réussir à le trouver. Ceux qui savaient qui se cachait derrière ce pseudonyme n'étaient pas bien nombreux, et d'une loyauté à toute épreuve. Et ils auraient préféré s'arracher eux-même la langue plutôt que de la trahir. En plus de ça, personne n'aurait jamais l'idée de soupçonner que Sharon puisse être une des criminelles les plus impitoyables de la planète. Le gouvernement américain et la CIA lui avaient déroulé le tapis rouge  pour son retour au pays et rien que son nom de famille la mettait au-dessus de tout soupçon. Alors oui, Sam et son fidèle chien-chien centenaire étaient au courant de ses activités criminelles, mais ils ne savaient que pour le sommet de l'iceberg.

Le bruit d'une porte qui s'ouvrait attira son attention, et Sharon se retourna pour voir un de ses employés entrer dans le bureau, une tablette à la main. Il traversa rapidement la pièce, avant de lui tendre l'objet, dont elle s'empara. Après avoir lui ce qu'il se trouvait dessus, elle lui rendit la tablette, avant de dire « Contactez nos acheteurs habituels. Pour un tel produit, ils vont tous se bousculer au portillon. » Depuis qu'elle était revenue au pays, ça n'était pas les occasions de se faire de l'argent qui manquaient. Rien qu'entre le SHIELD, le SWORD et Damage Control, il y en avait pour des milliards en technologies avancées qui dormaient dans des entrepôts. Sans parler des projets les plus confidentiels, dont elle n'était pas censée être au courant. Et même en dehors des agences gouvernementales, des entreprises comme Stark Industries ou Hammer Industries avaient de quoi lui permettre de se faire un sacré paquet d'oseille. Et elle aurait tué pour pouvoir mettre la main sur ne serait-ce qu'une infime partie de la technologie du Wakanda ou de la Latvérie. Mais de tous ceux-là, c'était encore Hammer qui restait son meilleur fournisseur. Même si ce clown de Justin Hammer était sous les barreaux et n'était pas prêt d'en sortir, son entreprise avait survécu au scandale de la Stark Expo, et ils étaient toujours aussi incompétents en matière de sécurité. Franchement, aller piocher dans leurs stocks, c'était comme de voler une sucette à un bébé. Et même en dehors du trafic de technologies avancées, Sharon jouait sur une multitude de tableaux qui lui permettaient d'avoir des billes un peu partout. Le fiasco avec Karli et les Super-Soldats n'était au final qu'une goutte d'eau dans son empire, qui avait vite été effacée et dont elle ne prenait même plus la peine de se soucier.

Alors que son homme de main tournait les talons et sortait du bureau, Sharon porta son verre à ses lèvres, tournant à nouveau son attention vers la fête. La CIA pensait qu'elle était en Europe, à traquer une bande de terroristes pour essayer de remonter jusqu'à la personne qui leur avait vendu leurs armes. Mais honnêtement, elle se voyait mal leur dire que c'était elle qui leur avait fournit toute leur puissance de feu. Elle s'était préparée à ce genre de cas de figure. Jouer sur les deux tableaux, ça voulait forcément dire qu'à un moment, la blonde allait se retrouver dans des situations ou son boulot à la CIA allait empiéter sur ses activités illicites. Il fallait juste qu'elle trouve un bobard assez crédible à fournir à ses patrons et à l'emballer dans une joli paquet cadeau pour le leur servir. Mais Sharon n'aurait aucun mal à trouver. C'est alors que la porte de son bureau s'ouvrit à nouveau. Encore du travail. Mais quand Sharon se retourna, elle se figea en réalisant que ça n'était pas du tout un de ses hommes qui venait la voir. Non. C'était une femme blonde, qui devait avoir une petite trentaine d'années, et qui pointait une arme sur elle. Mais comment est-ce qu'elle avait fait pour arriver jusqu'ici? Oh, son service de sécurité allait en prendre pour son grade quand elle se serait débarrassée de cette intruse. C'était même probable qu'ils allaient finir au fond de la baie, avec une paire de chaussures en ciment aux pieds. Un tel degré d'incompétence, ça ne se pardonnait pas « Si vous cherchez les toilettes, il fallait tourner à droite avant l'escalier. » Lança Sharon comme si elle n'était pas sous la menace d'une arme. Visiblement, l'autre n'était pas d'humeur à plaisanter « Je dois dire que je suis surprise. Vous êtes la première personne qui veut me tuer et qui arrive jusqu'ici sur ses deux jambes. » Si seulement elle pouvait réussir à aller jusqu'à son bureau pour attraper l'arme fixée en-dessous. Mais Sharon se doutait que l'autre blonde n'était pas idiote au point de commettre une erreur aussi énorme « Si vous avez l'intention de me tuer, est-ce que je peux au moins savoir qui vous envoie? Et pourquoi? »