EVENT NOËL | chasse au bonhomme de neige.

chasse au bonhomme de neige
évent noël

New York est davantage bousculée à cette période de l'année.
Les fêtes de fin d'année pointent le bout de leur nez. Les décorations sont gaiement accrochées depuis un mois et demi, chacun a clos ses cadeaux depuis bien deux semaines – excepté les plus audacieux qui s'y prennent à la dernière minute et courent dans les magasins. En ville, l'ambiance y est plus conviviale. L'immense sapin de Noël présente mille et unes couleurs lumineuses, et les stands sont formés.

Au Winter Village de Bryant Park, à Midtown, on y décèle encore dans les airs la pointe de l'Empire State Building, situé à quelques rues. Le soleil est vite tombé, pourtant l'heure est encore jeune. Le froid tabasse les nez sans protection des citoyens, emmitouflés dans leurs écharpes, gants et bonnets pour les plus frileux, mais les festivités et la foule réchauffe l'atmosphère. L'odeur de diverses confiseries s'élève dans les airs et chatouillent les narines, les décorations scintillent et chacun s'agglutine. Quelques mètres plus loin, si on tend l'oreille, on entend les glissements des patins sur la glace, d'autres s'écrouler à même celle-ci et les rires joyeux des adolescents. Les chocolats, si chauds qu'ils en sont bouillants, réchauffent les mains. Curling Coffee accueille ses plus fidèles passionnés, les boules de Noël luminescentes descendent du plafond du Lodge - qui ne perd pas sa bonne habitude d'être d'autant plus bondé à cette période de l'année, et les boutiques peinent à voir le bout de la queue de leurs clients.

Plus on s'enfonce dans Winter Village, plus le bruit se fait intense. Comme si on entre dans un monde complètement à part, isolé du reste. L'esprit des fêtes vous frappe directement au visage, et il est dur de ne pas se prendre aux festivités. Les sirènes et le bruit de la circulation se font petit à petit lointains alors que nous avançons entre tous les citoyens déjà présents depuis ce matin, mais qui se font plus denses depuis 15 heures cette après-midi. Rien ne semble pouvoir briser la période qu'on attend toute l'année, les événements récents vite oubliés, les Avengers qu'un souvenir qu'on se contente d'honorer de bien des façons, conflits et guerres mis de côté pour se concentrer sur les chaleureux cœurs aux sourires jusqu'aux oreilles.
Rien ne pourrait briser les réjouissances. Alors que le temps s'enfonce doucement dans la nuit fraîche et juvénile, certains commencent à agiter le gui au-dessus des pompons des bonnets d'hiver.

« Allez, Reed, tu vas pas faire la tronche toute la journée. » Sue est déjà en train de lever les yeux au ciel. Reed a été du genre insortable tout l'après-midi, mais ça doit sûrement venir du fait qu'elle l'a littéralement traîné hors de son labo pour qu'il l'accompagne au Winter Village, et qu'elle ait refusé la moindre protestation à ce sujet. Il faut dire que Reed n'est pas beaucoup sorti de Baxter Building récemment, encore moins de son laboratoire attitré, et qu'il a besoin d'un peu d'air frais. Il y a des soirs où c'est tout juste s'il vient se coucher à une heure raisonnable, et il y en a bien d'autres où elle s'endort seule et se réveille seule.

Alors elle lui a mis un bonnet sur le crâne et une écharpe autour du cou, peut-être aussi qu'elle lui a murmuré quelques trucs un peu salaces à l'oreille pour le convaincre de l'accompagner, et maintenant ils sont en plein cœur de Bryant Park, et Sue a un chocolat chaud aux marshmallows qui lui brûle les doigts, mais le sourire qui étire ses lèvres est celui digne d'une enfant.

Noël a toujours été sa période préférée de l'année. Elle a toujours aimé choisir les cadeaux pour les garçons, décorer le sapin de Noël, mettre un peu de couleur dans les pièces de Baxter Building et laisser une éternelle odeur de cannelle et de chocolat y régner à force de faire du pain d'épices et des cookies. Cette année ne sera vraiment pas la même avec l'absence de trois des quatre hommes de sa vie, mais elle a envie de ramener un peu de cette magie des fêtes à la maison, et ça passe par une visite obligatoire à Winter Village.

Et tant pis si Reed n'est pas content.

« On devrait penser à changer les décorations du sapin. Je crois qu'on ne l'a pas fait depuis la naissance de Franklin. » Elle réfléchit à voix haute, son bras fermement glissé au creux de l'épaule de Reed. Elle peut sentir sa chaleur le long de son corps, une chaleur rassurante — la preuve, tangible et indéniable, qu'il est toujours là. « On pourrait aussi mettre du gui à toutes les portes. Et tu m'as toujours pas dit ce que tu voulais comme cadeau. »

you're a mean one, mr. grinch. - évent noël

T'as essayé de protester.
Evidemment, ça n'a pas marché.
Tu te pinces les lèvres. Tes yeux parcourent les décorations installées, et tu aurais envie de souffler. Mais tu ne veux pas contrarier le démon. Enfin, ta femme. Susan a toujours été friande des fêtes de fin d'année. Toi ? Non. C'est pas ton truc, tu crois pas à ces bêtises. Tu te fais taper sur les doigts tous les ans pour faire un petit effort, au moins pour Franklin. Mais voilà cinq ans que tu n'avais pas fêté quoique ce soit. Tu dois dire que certains détails t'ont manqué, comme le sourire de Sue aux festivités et son nez rouge à cause du froid, mais l'ambiance ne te branche toujours pas. Surtout alors que les trois quarts des Fantastiques sont manquants, ça t'enlève encore plus la moindre envie de faire quoique ce soit. Mais Sue t'a sommé qu'il fallait que tu sortes un peu, et elle t'a traîné sans même te demander ton avis. Et au final ?
Bah tu fais un effort.
Comme tous les ans.
T'as même un bonnet et une écharpe. Une écharpe avec des putains de rênes. Ca te fait un peu grincer les dents, mais...silencieusement, quand même. Winter Village est, comme dans tes souvenirs, aussi bondé qu'autrefois. Ca aussi, ça te gonfle. Non mais regardez-les... avec leurs chapeaux de Noël, et leurs chocolats chauds. T'aimerais te tourner vers Susan pour faire une réflexion là-dessus, mais tu la vois entourant ses mains autour d'un chocolat chaud, elle aussi. Tu te sens un peu comme un étranger, au final. Tu sais pas trop ce que tu fous là, t'aimes pas l'ambiance, et en plus, t'es accompagné de quelqu'un qui adore ça. Tu arrives encore à entendre Mariah Carey dans les hauts parleurs, en fond à cause du bruit de foule, mais après c'est pas comme si ça faisait déjà trois semaines que tu l'écoutais accidentellement entre la télévision et la radio.

Susan lit en toi comme dans un livre ouvert. Elle te dit de pas faire la tronche, et t'aimerais lui dire que c'est pas le cas, mais en vérifiant ton visage dans un miroir mis à la vente d'un stand, tu penses pas être en mesure de nier. Tu sens le bras de la blonde entourer le tien, et c'est probablement le seul instant qui réchauffera un tant soit peu ton cœur. « Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? Nos décorations sont toujours en état. Enfin, je pense ? » Et franchement, t'en sais rien. Comme si c'était un détail qui déjà t'intéressait, mais surtout auquel tu faisais attention. Si ça se trouve, les décorations ont été bousillés il y a des années de ça, allez savoir. « Je ne veux pas de cadeau. » Tu passes une main dans son dos pour la poser à sa taille, et honnêtement si t'aurais pu la guider hors de ce merdier et aller vous réchauffer chez vous – sans mauvaise idée derrière la tête espèce de petits pervers, tu la laisses diriger la danse. Au moins, ça lui fera plaisir, et peut-être qu'elle te lâchera un peu les baskets une fois rentrés à la maison. « Tu es la seule chose dont j'ai besoin cette année. » Tu as un léger sourire en coin, sale baratineur, et tu lui lances un petit regard un peu amusé mais sincère. T'as pas besoin de quoique ce soit, et si tu aimais lui offrir de jolies choses, tu ne supportais pas que l'on t'offre quoique ce soit. « Gardes ton argent pour Felicia. Je suis sûr que tout ce qui se trouve sur sa liste est cher. » Tu grommelles un peu, les dents serrées. Non pas que tu n'apprécies pas la petite tête blonde qui s'invite de temps à autre chez vous, mais à tes yeux, elle était un peu trop fouineuse. Et puis elle a toujours le chic de vous dérober un bien qui vous a coûté pompon.

Ekene poussa la porte du bout de sa chaussure. Probablement dans une volonté de donner du cachet à la boutique le battant avait été fondu dans un métal ouvragé, beaucoup moins pratique qu’une bête porte automatique, et Ekene était chargée comme une mule. Un paquet sous le bras, plusieurs sacs dans chaque main : elle voyait à peine ses pieds en avançant.

Même si le mal du pays était une constante chez la femme elle pouvait concéder à New-York un bon point : la neige. Cette dernière était surtout belle en théorie parce qu’elle noircissait à l’œil nul en ville et formait des congères sur lesquelles on dérapait facilement, mais à rester là immobile, on pouvait presque ignorer ses désagréments. Pas longtemps, il était hors de question de rester plantée dans une artère de New York sans se faire bousculer.

Ekene était vêtue d’un anorak, d’une écharpe, d’un bonnet, et de grosses bottes pour échapper au froid qui, sans cet attirail, mordrait sans merci sa peau habituée à des températures plus clémentes. A chaque pas, elle prenait garde à ne pas glisser sur une plaque de givre oubliée par les saleuses. Elle ne craignait pas une petite chute, ses préoccupations allaient pour les cadeaux qu’elle transportait. Les fêtes de fin d’année étaient bien plus importantes pour sa famille américaine que wakandienne, raison pour laquelle elle n’était pas rentrée au pays malgré une semaine de congés accordée par le GRC. Les véritables supérieures d’Ekene au sein de sa branche n’avaient vu aucune objection à ce qu’elle prenne quelques jours pour elle. Rien ne semblait valoir de rester dans un état d’alerte pour le moment.

Malgré tout, Ekene ne se reposait jamais au sens traditionnel du terme. Elle aurait été bien incapable de se couler sous les couvertures. De toute façon, elle avait choisi de passer les fêtes aux côtés de sa cousine à New York et l’appartement que cette dernière louait était exigüe. Pour tout l’amour qu’Ekene vouait à ses neveux et nièces, elle ne pouvait pas rester dans le salon toute la journée à entendre la télévision brailler alors que les enfants la regardaient à peine, trop occupés par se disputer la seule console de la maison.

S’occuper de la préparation du Réveillon était encore la meilleure alternative. Quand on avait grandi sans cette fête voir toute la révérence que les Américains mettaient à le préparer était presque fascinant. Ekene s’arrêta près de la piste de patinages rien que pour regarder les silhouettes valser sur la glace. Si elle n’était pas certaine qu’une fois sans surveillances ses paquets se feraient chiper, elle auraient peut-être enfiler des patins elle-même.

he don't always come at midnight, burnin' red and talking sin. but he knows how to play it just right, if you gonna let him in. - évent noël

Sans Foggy, sans Karen, les fêtes avaient été amères.
C'était une période que vous appréciez particulièrement tous les trois. La jolie blonde décorait gaiement vos bureaux, Foggy grommelait parce qu'il s'y prenait tard pour acheter les cadeaux - et radotait sur vos trop maigres revenus pour ce qu'il avait prévu d'acheter à Marci, alors que sa partenaire se fichait bien des cadeaux ; et c'était une période de l'année qui te faisait réellement te sentir à la maison, entouré de la famille que tu as choisie. Avec Karen, vos mains se frôlent, souvenirs chaleureux d'un temps où vous étiez bien plus que des amis, mais ça ne va jamais plus loin. Et c'est peut-être tant mieux. Et Foggy, qui finissait ivre à chaque fois, ne pouvait s'empêcher de déclarer sa flamme à tous ses proches, de quoi te tirer un sourire en coin amusé.
Cette ambiance t'avait beaucoup manqué ces cinq dernières années, alors que tu as passé tous tes Noël seul, chez toi, et que la magie peinait à t'atteindre.

Mais maintenant qu'ils étaient de retour, bien que marqués par leur encore récente absence, les fêtes ramenaient quand même un sourire sur vos lèvres. Certes, de nombreuses habitudes avaient disparu. Vous ne faisiez plus la fête à votre cabinet, que tu as perdu il y a quatre années, ni même dans ton ancien grand appartement, mais Marci, qui avait vécu le Snap de la même manière que toi, vous avait tous invités à passer la soirée du réveillon chez elle. Bien entendu, comme auparavant, Foggy avait oublié d'acheter les cadeaux, et c'est sûrement pour cette raison que vous vous retrouvez à Winter Village aujourd'hui. T'aimais pas trop bouger dans ce genre de coin, à New York, lors des fêtes ; les citoyens étaient fous à cette période de l'année, et toi, avec ton handicap et malgré tes réflexes, tu redoutais encore de te faire marcher dessus. Foggy aussi, à vrai dire ; mais il est tellement désespéré de lui offrir le parfum de ses rêves qu'il est prêt à faire absolument toutes les boutiques de la ville pour obtenir la dernière fiole disponible ; sûrement trois fois son prix habituel. Toi, tes cadeaux étaient déjà paquetés depuis le début de mois de novembre, cachés de pars et d'autre dans ton appartement, pour éviter que tes amis ne tombent involontairement – ou volontairement pour certains – dessus.

Foggy te raconte qu'il part sur un stand, tu l'écoutes à peine. Tes narines sont chatouillées par l'odeur de chocolat chaud, le bruit des patins, et tu te concentres un peu pour te répérer dans la foule. Tu te contentes de hocher le visage pour lui faire comprendre que son absence est notée, et tu continues à vadrouiller lentement parmi les gens. Tu entends un grand dadais grommeler, la voix de ton amie Susan aussi, mais vu qu'ils semblent s'éloigner, tu ne préfères pas t'interposer entre eux. Tu apprécies l'ambiance, qui change un peu de la morosité habituelle que présente la Grande Pomme, et tu portes fièrement ton pull moche de Noël – que tu jurerais beau, juste parce-que Karen en est la créatrice et qu'elle le travaillait déjà depuis bien avant sa disparition. Tu y caches un peu l'inscription, mais tu dois bien avouer que lorsqu'elle t'a annoncé la couleur, ça t'a fait sourire. I'm not Daredevil. T'espères juste qu'on te le pointera pas sérieusement du doigt. Tu sais, aussi, qu'elle t'a aussi pris des oreilles de diable, à l'image des siennes qui sont des cornes de rêne, mais tu les gardes pour la soirée que vous aviez de prévu.

Ta canne cogne contre le bitume, et inconsciemment, tu t'es dirigé vers la piste de patinage. Tu sais que tu ne pourras pas en faire, enfin tu le pourrais mais tu ne le feras pas, ce serait bien trop suspect. Et au final, si tu savais te battre à la perfection malgré ton handicap, qu'est-ce qui te dit que tu te débrouillerais aussi bien sur la glace ? Tu as quelques souvenirs lointains, néanmoins, des souvenirs où tu revois le visage de ton père, tu ressens encore sa main dans la tienne alors qu'il te guide, bien avant l'accident qui t'a coûté ta vue, sur la piste. Tu te souviens être tombé, bien plus d'une fois ; mais tu avais le sourire jusqu'aux oreilles. Et à ce souvenir qui refait surface, tu as un sourire maintenant aussi. Un souvenir qui te réchauffe un peu le cœur, l'un des meilleurs que tu as pu garder de ton père.

Noël. Blah. Rien d'autre qu'un ramassis d'idioties.

Agatha n'a jamais été la plus grande fan de cette célébration. Blâmez son éducation définitivement païenne, blâmez la haine profonde qu'elle porte au catholicisme et à ses travers, mais elle n'a jamais compris l'envie humaine de célébrer la naissance du petit Jésus.

La quantité de mensonges placardés dans la Bible l'a toujours impressionnée.

Il n'empêche — même une sorcière a besoin de manger, et bien qu'elle aurait préféré éviter la foule de Manhattan et de son marché de Noël, elle doit admettre que son frigo fait pâle figure et qu'un chocolat chaud, même acheté à Winter Village, semble une bonne idée. Elle n'a jamais été trop dérangée par les changements de température, comme le prouve l'absence de bonnet sur sa tête ou d'écharpe autour de son cou, mais même elle doit admettre qu'il commence à faire frisquet. Et bien qu'elle n'ait jamais compris l'ambiance festive des fêtes de fin d'année, elle doit admettre que l'odeur combinée du vin chaud, du chocolat et du pain d'épices est agréable.

Toujours plus que l'odeur d'une forêt humide de givre pour les célébrations de Yule avec le coven, dans tous les cas.

Alors Agatha prend le temps de flâner au travers de la foule, la moue sceptique. Elle croise un couple en train de se chamailler au sujet de décorations de sapin — l'homme a l'air de vouloir s'échapper aussi vite que possible et doit faire à peu près la même tête qu'elle, mais elle les laisse tranquilles. Oh, elle aurait adoré mettre un peu de chaos dans la vie des new-yorkais, mais même la sorcière sans cœur qu'elle est a des scrupules.

Elle laisse ses pas la guider vers la piste de patinage, plutôt. Des gamins pas plus hauts que trois pommes soigneusement guidés par leurs parents, des ados occupés à hurler de rire quand l'un d'entre eux finit sur les fesses, des couples qui préfèrent se regarder dans le blanc des yeux plutôt que faire attention à où ils vont... « Tsk. Vraiment... » Le spectacle, quoique désespérant, a quelque chose de vaguement hypnotisant, et elle se retrouve à s'accouder le long de la barrière.

Et si elle agite un index nimbé d'une lueur violette pour rendre la glace plus glissante que nécessaire... well. Elle ne pouvait pas laisser passer ce genre d'opportunité, maintenant. Et puis, elle s'ennuie. Une Agatha qui s'ennuie reste une combinaison dangereuse.

Ce ne sont pas quelques foulures et un ou deux os brisés qui vont tuer des gens, après tout.

Chasse au bonhomme de neige | Évent Noël

Avançant sans vraiment regarder ou elle allait, Sersi était occupée à pianoter sur son téléphone, jonglant entre Twitter et la conversation qu'elle avait avec Sprite. Depuis qu'elle s'était réveillée sur Terre après qu'Arishem l'ait kidnappée avec les autres, elle s'arrangeait pour garder un œil en permanence sur sa co-Éternelle. Même si les deux femmes prenaient peu à peu des chemins irrémédiablement différents, la brune avait vécu presque sept millénaires avec son amie, alors elle ne pouvait pas couper les ponts aussi facilement. Il fallait que Sprite trace sa propre voie, et comme leur avait dit Ajak des siècles plus tôt, un jour elle pourrait lui raconter toutes les choses merveilleuses qu'elle avait pu vivre. En attendant... Sersi avait ses propres combats à mener. C'était de sa faute si Arishem risquait de revenir à tout instant pour abattre son courroux sur la Terre, alors c'était à elle de trouver le moyen de l'en empêcher si jamais le Céleste décidait que cette planète méritait son châtiment. Elle ne doutait pas que les autres Éternels n'hésiteraient pas un seul instant à l'aider si elle le leur demandait, mais elle était réticente à les impliquer à nouveau, même si elle savait qu'elle aurait forcément besoin de leur aide au final. Ajak l'avait nommée Première Éternelle, et c'était à présent son rôle de les guider, mais aussi des les protéger. Et même si Sersi n'avait jamais été la plus grande combattante du groupe, elle était résolue à tout faire pour défendre cette planète et ne plus avoir à pleurer la perte de l'un des siens.
Mais l'heure n'était clairement pas au combat. Partout autour d'elle, la ville se préparait à fêter Noël, et tous le monde avait essayé de faire en sorte d'égayer un peu la façade de sa maison ou la devanture de son magasin pour participer à l'esprit des fêtes. Sersi n'avait jamais cessé d'être fascinée par le fait que la seule naissance d'un homme avait pu façonner à ce point toute l'humanité. Que ça soit en bien ou en mal. Certes, Noël était une période de fêtes ou on s'échangeait des cadeaux au pied du sapin en mangeant et en buvant bien plus que de raison, mais pour elle qui avait assisté à toute l'histoire, elle ne pouvait oublier le nombre incalculable de fois ou les Hommes s'étaient entretués au nom d'une divinité ou d'une autre. Combien de massacres perpétrés au nom d'un homme qui était mort depuis presque deux mille ans? Enfin, ça n'avait jamais empêché Sersi de faire comme les humains, même si elle n'avait jamais été très friande de cadeaux. En particulier quand ils étaient imposants. Quand on passait sa vie à déménager à peu près une fois par décennie, on évitait de trop s'encombrer. Et puis à force, elle avait finit par remarquer que très, voir même trop souvent, les gens offraient à peu près la même chose parce qu'ils ne savaient jamais quoi offrir et que par conséquent, ils piochaient un truc dans une liste d'idées déjà toute trouvées. Après, la grande gourmande qu'elle était trouvait parfaitement son compte dans les repas qu'elle pouvait faire, et ou elle ne manquait jamais une occasion de s'en mettre plein la panse. Et dans ces cas-là, elle bénissait sa nature d'Éternelle qui la prémunissait du risque de la crise de foie ou des kilos en trop.
Alors qu'elle déambulait, Sersi finit par arriver au niveau du Winter Village et de toutes ses odeurs de chocolat chaud, de marrons grillés et d'autres confiseries qu'on retrouvait habituellement sur ce genre de marchés. Visiblement, il y avait foule, et Sersi fut heureuse de voir que les gens arrivaient à continuer à vivre malgré toutes les choses dramatiques qui pouvaient leur arriver régulièrement. En sept millénaires sur Terre, l'Éternelle avait vu l'humanité faire face à un nombre incalculable de crises plus ou moins graves, et à chaque fois, elle avait finit par s'en relever plus forte qu'auparavant. Se mêlant aux passants, Sersi marchait sans le moindre but à travers les différents étals, captant ici ou là les conversations des gens, qui discutaient de l'avancement des décorations, des achats de cadeaux ou encore du repas qu'ils prévoyaient pour Noël. Quand elle finit par arriver au niveau de la patinoire, Sersi regarda un instant les gens qui était occupée à patiner, et une dizaine de minutes plus tard et quelques billets en moins dans son porte-monnaie, voilà qu'elle était chaussée de patins et qu'elle déambulait tranquillement sur la glace en prenant garde à ne pas se faire rentrer dedans par qui que ce soit. Ou à rentrer dans qui que ce soit. Le patinage, ça n'était pas vraiment sa tasse de thé. La seule fois ou elle s'était vraiment retrouvée sur de la glace, ça remontait à plus d'un millénaire, quand elle et les autres s'étaient rangés du côté d'Asgard pour empêcher Laufey et son armée de transformer la Terre en planète gelée. Alors ça ne fut guère surprenant quand elle finit par chuter lamentablement en arrière. Mais alors qu'elle tendait le bras en arrière, là ou un humain se serait sûrement cassé le poignet par un tel geste, le sol s'orna d'arabesques lumineuses et se transforma en mousse à l'instant ou sa paume effleura la glace, et son ego fut le seul à souffrir de sa chute. Mais alors qu'elle rendait à la glace sous son postérieur son état normal, Sersi ne put que hausser un sourcil quand elle remarqua qu'elle était loin d'être la seule qui était soudainement tombée à la renverse. Et c'était trop gros pour être une énorme coïncidence.

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i sense a change ; something is happening to me. only a few species ever undergo change, the others become extinct. men with almost certainly pure replaced by a new order of intelligence. stop looking for monsters under your bed, you are the monster. - évent noël

Les lumières scintillent, et elles te tirent un sourire.
L’endroit te rappelle quelques souvenirs, maintenant lointains, et tu te rappelles de toi, un peu plus innocente que maintenant, traîner Vision dans ce joyeux bordel. Si tu as longtemps ressenti du mépris auprès de l’Amérique lors d’années plus jeunes et plus rebelles, tu avais finis par faire la paix avec tout ça. T’étais pas non plus devenue la meilleure copine de Stark, mais t’as appris à le tolérer, et il faut dire que la présence des autres Avengers avait aidé. C’est donc tout naturellement que tu t’étais accommodé à la vie à New York, à Washington, aux États-Unis plus précisément. Les fêtes de Noël américaines t’avaient toujours fascinée, et tu avais finis par y prendre part aussi. En Sokovie, vous feriez la fin de l’année par des coutumes traditionnelles et propres à ton pays d’origine, mais aussi différentes de celles qui se proféraient ici. Tu aurais aimé, un jour, emmener Tommy et Billy gambader dans les allées bondées de Winter Village, bousculer les gens et faire renverser leur chocolat chaud et café, et t’as un pincement au cœur ; mais moins prononcé qu’il fut un temps. Si ta magie du chaos n’avait été qu’une découverte à l’époque, aujourd’hui tu étais plus expérimentée, plus informée. Plusieurs possibilités s’ouvraient à toi, et tu les étudiais encore. Mais quelque chose est sûr : ils reviendront. Tu veilleras à ce que ça arrive.

Tu déambules les allées à l'image de lorsque tu le faisais autrefois, mais cette fois-ci seule. Si tu as la tendance à vite te sentir seule au monde, seule contre le monde, ce sentiment s’efface vite lorsqu’on t’aborde. Le vieux monsieur t’offre un sourire, te somme d’avaler un chocolat chaud, et si tu hésites un instant, tu finis par céder. Le gobelet réchauffe tes doigts glacés par l’extérieur, et tu avances une main pour payer le vendeur de quelques sous. Mais il t'intime de garder ton argent, il t'explique qu’il s’est pris d’empathie pour ton visage triste, et qu'il s'est dit que tu en aurais bien besoin. Tu lui offres un joli sourire, touchée par son attention. C'est une touche de bonheur dans ta vie terne, et après l'avoir remercié, tu continues ta route. Si ta capuche n'a pour simple but que de dissimuler un tant soit peu ton identité, le visage baissé et le menton camouflé derrière le gobelet encore rempli à moitié, les quelques visages familiers d'anciens collègues héros ne font que redoubler ta vigilance. Tu sais que ton retour sera remarqué, mais ce que tu ne sais pas en revanche, c'est s'ils sont au courant de l'événement qui constitue ta plus grande honte et tes plus grands cauchemars : Westview. Tu aimerais que non, mais certains sont encore de mèche avec le SHIELD, et la décadence du SWORD a sûrement fait du bruit. Ou peut-être que pas du tout, lorsque tu y songes ; on parle bien de là d'une organisation que tâche de se faire la plus discrète possible.

Tu te rapproches des pistes de glace. Tu arrives pile à l'instant où certains perdent l'équilibre, et tu fronces les sourcils. Malgré toi, tu ne peux réprimer une légère grimace – t'en avais fait qu'une seule fois dans ta vie, et tu étais déjà tombée aussi, par manque d'expérience. Les personnes se relèvent, et reprennent leur courant tranquille, puis tes yeux vadrouillent d'une silhouette à l'autre. Ca fait bien cinq minutes que tu t'adosses à la rambarde de manière paresseuse, à siroter le reste de ton chocolat chaud – qui a vite refroidi à cause de la température actuelle, jusqu'à ce qu'enfin, ton regard la croise. Elle a ce sourire que tu reconnaîtrais entre mille, et si au départ tu crois rêver – tu en frottes même tes yeux avec la manche de ta veste – tu réalises qu'elle est bien là. Tu as un mouvement de recul alors que tes yeux croisent les siens – tu ne sais pas ce que tu ressens. De la crainte, de la peur ? De la surprise, ça oui. Tu en laisses échapper le fond de ton gobelet, qui vient s'écraser par terre et malencontreusement éclabousser les chaussures neuves d'un petit garçon à côté ; qui se retient bien vite la moindre réflexion en réalisant qui se trouve à ses côtés ; mais toi, tu es déconnectée de cette réalité. Agatha est là, elle se tient à l'autre bout de la piste elle aussi, et tu sens son regard pesant sur toi. Tu te souviens l'avoir laissée sous le visage d'une Agnès enjouée, à Westview, loin d'ici.
L'incompréhension te gagne bien vite, et tu sais que tu ne peux pas la confronter. Pas ici, pas maintenant, pas autour de tous ces gens.

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