don't be afraid (kitty)

Le froid s’insinue sur chaque parcelle de peau que recouvre la silhouette de ce fantôme. Fantôme revenu d’outre tombe. Fantôme revenu à la vie par la force cosmique. Une force cosmique dont il en ignorait toutes les connaissances et toutes les compétences. Une force cosmique intrigante, perturbante et mystérieuse dont l’ampleur de son existence persiste à avoir quelques notes sombres et obscures. Il demeure une certitude cependant… Malgré un retour à la vie chaotique, tu es là. Tu es là. Toi. Jean. La seule Jean Grey pouvant exister en ce bas monde. Tu ne mesures pas encore cette chance de pouvoir ressentir, à nouveau, le vent venir chatouiller la longueur de ta chevelure flamboyante. Tu ne mesures pas cette chance de pouvoir être, à nouveau, parmi les tiens. Une chance… En réalité, tu ignores si cela était, un tant soit peu, une chance que de revenir là où tout a changé, là où tu as su que ta vie allait s’arrêter. Pour de bon. Si la situation venait à se reproduire? Tu reproduirais chaque geste sans rien y changer. C’est ce qui fait l’essence même de ton âme. Ta bienveillance. Ta compassion. Ton empathie. Ce sacrifice altruiste pour sauver les personnes que l’on aime… pour sauver un monde qui mérite d’être sauvé. Les mouvements de ton organe cardiaque s’accélèrent au fur et à mesure que tes pas se rapprochent de cet endroit signifiant tout pour toi. Tes derniers souvenirs sont flous. Les seuls, qui persistent dans ton esprit, concernent cet acte de bravoure ou cet acte insensé pour ceux que tu as abandonné. Scott. Professeur Xavier. Ororo. Les élèves. Et puis, Logan. Tu n’as qu’à penser à eux pour savoir que tu avais pris le bon choix. Et pourtant, tu ressens une boule intense se creuser à l’intérieur de ton ventre. Une boule angoissante et douloureuse. Une crainte commence à se réveiller tout doucement. Crainte de retourner là où le Professeur t’avait tout caché de l’étendu de tes pouvoirs. Crainte de retourner là où les maux du cœur se déferlent. Crainte de faire face à ces étudiants devant faire face à une Jean destructrice. Depuis ton retour dans ce monde, tu t’es renseignée. Tu as demeuré, bien loin des sources médiatiques, pour que tu puisses savoir tout ce qui a pu se passer durant ton absence. La Force Phénix a laissé des traces. Des traces d’un passé où elle a eu le plaisir de prendre ta place et de se jouer de tes proches. Force Phénix prenant un certain plaisir à torturer l’âme bienveillante que tu possèdes pour supplier à Wolverine d’y mettre un terme. T' ôter la vie a été la décision la plus judicieuse que tu aies pu prendre. Supplier à Logan de le faire, ça avait été le seul moyen. Je t’aime. Un coup de fouet. Un coup de foudre électrisant ton myocarde, usant de cette force invisible à faire glisser des larmes le long de tes joues. Les gouttelettes qui courent sur ta peau. Gouttelettes que tu ne prends pas la peine d’essuyer, tant les souvenirs et les émotions, qui te submergent, perturbent tes sens. Ce raclement de gorge que tu essaies d'avoir est douloureux. Très douloureux...

Tu ne te trouves qu’à quelques mètres des abords de l’institut Xavier. Tu sais qu’il ne te suffit que d’un pas pour être de l’autre côté. Tu es incapable de bouger. Tu es incapable de les retrouver. Tu es incapable d’être parmi ceux que tu aimes et près de ceux dont tu sens que ta place est à leur côté. Non. Tu n’y arrives pas. C’est dur. Le bas de ta lèvre inférieure se mordille, douloureusement, nerveusement. Je suis désolée… Peut-être n’es-tu simplement pas encore prête de franchir les parois d’une maison bien trop chaleureuse… Peut-être n’es-tu pas prête de sentir des bras venir s’enlacer autour de ta taille ou de subir un interrogatoire sur ta réelle identité. Tant d’années se sont écoulées où toi, tu demeures inchangée. Mais eux…? Un soupir s’échappe de ces lippes fines et nerveuses. Mains qui se frottent sur les avant-bras. Pieds qui se détournent de sa destination initiale pour abandonner. Pieds qui glissent sur ce sol habillé d’une verdure nette et apaisante. Pieds qui s’avancent pour se retrouver sur une surface légèrement plus rocailleuse. L’angoisse se creuse un peu plus dans le creux de ton ventre. Visage qui se tourne, une dernière fois, sur la vision désormais lointaine de l’institut. Second soupir. Profonde inspiration. Troisième soupir. Arrêt programmé. Démarrage, à nouveau, en cours. Ou presque. « Mon dieu…!! » Sursaut. Sursaut soudain et brusque. La vision qui s’ouvre sur une silhouette presque méconnue. Presque. Il te suffit de plisser un peu plus le regard, que tes pas se rapprochent un peu plus de la silhouette pour que ta vision s’éclaircisse davantage. « Est-ce que… » Raclement de gorge sous une voix palpable et désordonnée. « Est-ce que c’est toi… Kitty…? » Seuls mots qui trouvent la liberté de s’exprimer. Seuls mots qui parviennent à laisser ta voix se faire entendre, alors que la vision du fantôme que tu es apparaît sur cette élève qui, semble-t-il, ne l’est plus…