I Made This for You ⊗ MJ

Dans la pénombre – 04h57 du matin.

Je ne faisais pas le fier devant l’entrée de cette ruelle. Pourtant, je la connaissais par cœur et je la survolais régulièrement, une pensée émue à chacun de mes vols. Ici, c’était la rue d’MJ et, à pied, sur la terre ferme, la traverser me paraissait bien plus difficile que faire n’importe quelle figure acrobatique. J’essayais d’épouser les ténèbres avec attention, m’éloignant des lampadaires ou des sources d’animations en regardant régulièrement derrière moi – il ne fallait pas qu’on me suive, c’était trop dangereux. Pour venir dans ce coin de New York, j’avais évidemment choisi d’utiliser mes toiles pour me projeter mais il n’était plus le temps de jouer au justicier fugitif. Non, ce n’était pas Spider-Man qui était là mais Peter Parker et uniquement lui.

Marcher me faisait étrangement du bien, surtout parce que j’avais une excuse pour ralentir le pas, pour retarder l’inévitable. Pour calmer mon cœur palpitant, j’effectuais plusieurs détours, zigzaguant comme une âme en peine dans le pâté de maison. Mes habits me grattaient un peu, des vielles fripes que j’avais volé pour me camoufler parmi les passants, une casquette de baseball sur le crâne que j'avais doublé d’une capuche noire. On aurait pu croire que j’étais venu vendre de la drogue ou détrousser quelqu’un. Tant mieux, il ne fallait surtout pas qu’on me regarde, qu’on tombe sur mon visage et qu’on le reconnaisse. Un peu de courage. Je m’étais battu avec des meurtriers, des tueurs, des super-vilains avec des pouvoirs extrêmement dangereux : je pouvais affronter ça sans problème. Je devrais pouvoir le faire.

Dans mes mains se trouvait un petit paquet décoré à mon effigie entouré d’un ruban rose. C’était kitch, oui, j’avais vraiment eu une idée de merde bordel. Mais c’était trop tard pour reculer, pour renoncer. Tout le monde était en danger par ma faute, j’avais joué avec le feu et je ne pouvais pas m’étonner de m’être brûlé – mais je n’avais pas pensé un seul instant que mes proches allaient tant en souffrir. Sinon, j’aurais évidemment évité tout ça. Enfin, c’est ce que j’essayais péniblement de me faire croire, sans réussir définitivement à me convaincre moi-même : j’étais l’araignée plus profondément que je ne voulais l’admettre. C’était une part de mon identité que je ne pouvais pas oblitérer. MJ et Ned étaient traqués nuit et jour par les journalistes, pour récupérer des bribes d’anecdotes sur moi et ma famille. Je ne savais pas quoi faire ni comment me faire pardonner. Alors, comme à chaque fois que j’avais l’impression d’être complétement démuni, je me suis plongé dans le travail. C’est fou ce qu’on pouvait trouver dans des décharges. Mon cadeau n’était pas très beau, c’est vrai, mais il avait été fait avec ... amour.

Je glissais le tout dans la boite à lettres, avec une petite carte et quelques lignes pour expliquer ce que c’était. Rien de bien long, juste de quoi aller à l’essentiel pour expliquer son utilité. Et, à la fin, un simple désolé, écrit avec une pudeur enfantine pour me dédouaner de ma culpabilité. C’était un petit objet ovale avec un gros bouton rouge et de nombreux bouts de scotch ; en appuyant dessus, l’appareil envoyait un signal qui perturbait les batteries électroniques dans un rayon de 10 mètres, de quoi bien faire chier les cameramans. Maintenant que j’y pensais, mon invention avait un peu trop la forme d’un cœur. Arf, trop tard. Gêné et tout penaud, je commençais à faire demi-tour pour m’échapper en un éclair, prêt à bondir dans les cieux lorsqu'une voix m'interpella.

─ Merde, soufflais-je.

so this is how it all turns out. you’re the hero, i’m left down. i should’ve known you couldn’t stand for me and be a man. i still have dreams of you and i, i can’t tell the dark from light. i never thought i’d be the one you’d leave behind. but i will fight until the day the world stops turning, and they will fall to ashes, i will just keep burning. but tonight, i need you to save me. i’m too close to breaking, i see the light i am standing on the edge of my life. ( music ) -- peter & michelle.

c'était calme. silencieux.
presque trop.
seul instant de répit dans cette cacophonie qui ne cessait jamais partout autour de toi. c'était comme presque comme se retrouver privé de ton ouïe, parce qu’il n’y avait aucun bruit parasite autour de toi, de ta vision car aucun flash ne t’aveuglait. seul le bruit de l’eau s'écoulant venait perturber ce silence. et toi, seule, assise dans cette cabine, les jambes contre toi. comme une protection contre ce monde cruel. tu avais beau être dans ton appartement, ça ne changeait en rien le fait que tu voyais les unes des journaux, tu entendais la radio ou la télévision en fond, tu recevais des messages constant. au moins ici, tu étais coupée du monde.
tu es incapable de dire combien de temps tu restes ici. tout ce que tu sais c’est qu’alors que tu es désireuse de tourner le robinet pour encore augmenter la température de l’eau, celui-ci ne tourne pas, éternelle preuve que tu es la depuis bien trop longtemps désormais. tu n’as pas envie de t’extirper de cet endroit, mais tu n’as pas le choix surtout en sentant l’eau qui se refroidit doucement. un soupire et te voilà, te redressant sur tes deux jambes interminables, enfilant ensuite cette serviette autour de ton petit corps. tu passes ta main sur le miroir, retirant la buée de celui-ci et laissant alors ton reflet apparaître nettement. tu remarques, sans grande surprise, tes traits fatigués et tires. ton teint, d’ordinaire d’une couleur parfaitement uniforme est gris, preuve d’un surmenage certain. tu sais que t’es pas la seule, il suffit de voir le visage de ned qui lui aussi, perd en chaleur. mais comment est-ce possible autrement ? t’es déjà pas le genre de personne à chercher impérativement la perfection physique, t’es même loin de te prendre la tête pour ce genre de détails. alors forcément, tu vas pas faire plus d’effort. pourtant, tu sembles épuisé, et dire que tu ne l’es pas serait mentir. beaucoup te diront que tu n’es qu’une adolescente, que tu n’avais pas à ressentir un tel niveau d'épuisement mais ces gens là ne sont définitivement pas le nouveau punching ball des journalistes.
tu balaies la tête de gauche à droite avant d’enfiler ce qui te sert de pyjama et d’enfin quitter cette salle de bain pour retrouver le calme de ta chambre. un rapide salut a ta famille pour finalement aller t'enfermer dans ton antre sans même prendre le temps de manger quoi que ce soit. parce que t’as pas faim. oui, physiquement l’impact est là aussi, tu as bien perdu quelques kilos mj mais pas de quoi s’affoler. pour l’instant.

tu t’installes sur ton lit, plongeant ton nez dans ton bouquin. les minutes s'écoulent au fil des pages qui se tournent et l'anxiété disparaît presque automatiquement. ca t’permets de te souvenir de pourquoi tu préfères de loin la compagnie des livres que celle des gens, parce que premièrement, eux ne parlent pas. deuxièmement, au moins ils ne te laissent pas tomber eux. pensée futile qui effleure ton esprit mais qui est suffisante pour te faire perdre le fil de ton livre. incapable de retrouver ta concentration, tu le laisse tomber sur ta table de nuit avant de te glisser sous tes draps et eteindre tes lumieres. mission : dormir.

tu réussis à dormir, deux heures. peut-être trois. tout c’que tu sais c’est qu’il est deux heures quand tu ouvres enfin les yeux et que malgré tes tentatives, il est impossible pour toi de t’endormir de nouveau. tu te tournes, change de position, te concentre sur ta respiration : rien a faire. tu sens juste cette boule au fond d’ton estomac et tes pensées fusent d’une telle force qu’elles t'empêchent de t’endormir de nouveau.
et commence une nouvelle nuit avec seulement trois heures de sommeil.
tu optes pour prendre un peu l’air. tu t’extirpes de ce lit, attrapant ton carnet de croquis au passage. tu ouvres la fenêtre menant à l'escalier de secours et te voilà, t’installant sur cette plateforme qui ne sert pas a grand chose d’ordinaire. tu observes autour de toi. tout est silencieux, encore. les journalistes sont sans doute épuisés à l'idée de te courser après et c’est tant mieux. crayon en main, tu t’appuies contre le mur commencent alors à reprendre quelques dessins qui étaient délaissés. peut-être car même quand tu viens en salle de détention, tu n’arrives plus a être tranquille sentant les yeux sur toi. entendant les murmures qui ne cessent, encore et encore.

tu t’perds dans tes dessins, avec pour seule lueur les quelques lampadaires plus bas et les quelques lumières de ta chambre. tu vois pas forcément grand-chose, mais c’est suffisant pour l’instant.
alors que tu continues tes dessins, les heures passant, tu arrives à court de mine. tu fronces les sourcils, te sachant désormais contrainte de te redresser et de devoir quitter ton petit coin. en soit, c’est rien mais le simple fait d’avoir été perturbée dans tes actions t’agace. tu appuies sur la gomme de ton critérium espérant désespérément qu’une mine ressorte, mais rien. tu soupires et tu t'apprêtes à te lever lorsque tu remarques, enfin, un peu plus bas, une silhouette. tu fronces les sourcils, laissant alors tes prunelles brunes s’ajuster.

ton cœur loupe un battement. parce qu’en contrebas une silhouette que tu pouvais reconnaître entre mille pour l’avoir déjà vu et observé un milliard de fois. depuis ta distance, tu ne voyais pas spécialement claire cependant, tu reconnaissais les petits détails qui le trahissaient.
peter.
bordel.
t’as l’estomac vide et pourtant tu sens celui-ci se contracter, se retourner même. tu veux presque vomir et probablement que tu l’aurais fait si tu avais autre chose que de l’eau. une partie de toi, minime, est soulagée de le savoir en forme. une autre lui en veux terriblement. et pourtant, tellement de questions. combien de temps t’observe-t-il en douce ? est-il déjà venu en pleine nuit pendant que toi, totalement épuisée par l’insomnie tu réussissais enfin à dormir ? tu restes là, quelques secondes, presque bête. jusqu'à ce que tu réalises que c’est maintenant si tu veux des explications. tu pourrais prévenir ned, lui dire de venir, mais tu t’abstiens parce que ca serait trop long a expliquer. tu enfiles en quatrième vitesse une paire de vans qui traîne et un gilet un peu épais mais pas trop. tes gambettes sont dénudées sous ce short qui te fait office de pyjama. tu prends même pas la peine de nouer tes chaussures, tu quittes l’appartement en prenant soin de ne pas claquer la porte trop fort derrière toi et tu accours jusqu'à l'ascenseur. tu l’appelles, en urgence et si il est assez rapide chaque secondes parait des heures. tu l’attends, et tu penetres dedans lorsqu’enfin il est là.
tu laisses tes yeux sur le compteur des étages qui descend de plus en plus.

tu t’extirpes de l’ascenseur et te voilà, accourant. tu pousses la porte de l’immeuble et bien vite, ton coeur loupe un autre battement en te rendant compte que tu es seule. tu penses même avoir halluciné. tes yeux se remplissent presque de larmes jusqu'à ce que tu finisses par avancer un peu plus, tournant sur toi même et par enfin voir une silhouette à quelques mètres de toi qui semble quitter cette ruelle. tu essuies rapidement tes yeux et tu es conforte dans l’idee de savoir que tu ne deviens pas folle - meme si ca aurait probablement pu. – peter ! tu clames. ça raisonne dans la rue, et tu espères pendant un court instant ne pas avoir réveillé qui que ce soit.
pourtant tu es incapable quoi dire de plus. tu restes juste là, avec ton pyjama looney tunes. tu réalises seulement maintenant que tu trembles légèrement à cause du froid actuel. mais qu’importe. tu resteras.
et tu auras tes putains d'explications. car qu’importe la situation il pouvait pas vous abandonner comme ca. pas de cette manière. pas après tout c’que vous aviez fait ensemble, ned et toi pour l’aider.
il avait pas le droit de vous abandonner. simplement.
it's together, or not at all.

(c) mars.

La voix me terrassa. Les mains dans les poches, je restais immobile pendant de longues secondes, incapable d’esquisser le moindre mouvement. J’étais mal à l’aise, honteux, et je savais que mon trouble se verrait sur mon visage. Il ne fallait pas qu’elle me voit comme ça, j’étais l’optimiste, celui qui regardait toujours le verre à moitié plein. Je devais lui faire croire que tout aillait bien, au moins en façade, c’était mieux ainsi. Je pivotais lentement vers elle en frissonnant, de froid et d’effroi. C’était bien ma petite amie qui avait hurlé mon nom – l’était-elle encore, d’ailleurs ? ─ et qui se tenait là, en pyjama, à quelques dizaines de mètres de moi. Sa tenue trahissait son empressement. M’avait-elle vu glissé le cadeau dans sa boîte aux lettres ?

─ Michelle.

J’avais utilisé son prénom complet sans le vouloir. Une barrière symbolique était dressée entre nous et, ne sachant comment la jeune fille allait réagir, je me devais de la protéger. Mes actes avaient déjà eu beaucoup trop de répercussions sur sa vie. En la mettant sous le feu des projecteurs, je m’étais moi-même retiré le droit de la considérer comme avant. Trop de questions emplissaient mes pensées, alors que nous nous regardions en silence, le bruit du vent pour seule compagnie. Pense à quelque chose de rigolo Peter, fais une blague dont tu as le secret. Mais il n’y avait rien de drôle à dire, mon humour m’avait quitté en même temps que mon corps était dévoré par l’anxiété. Ma bouche était sèche, pâteuse. J’essayais à plusieurs reprises de protester, de lui dire quelque chose sans pour autant réussir à n’émettre qu’un son. Prenant une grande inspiration, je me fis violence en parlant, peut-être rapidement, de la raison de ma présence.

─ Jesuislàpourtedonneruncadeau.

Non, peut mieux faire. Ne sachant si mon charabia était intelligible, je décidais de lui montrer mon invention. Pointant le bras vers la boîte en plastique, je la fis venir à moi en la tirant avec un de mes fils. Je n’avais pas imaginé que ça la casserait dans le même geste – ma force me surprenait encore ─ et je restais coi avec l’objet en main, déformé. Décidément, j’étais incapable de faire une chose correctement. Même avec des superpouvoirs, des réflexes surhumains et je-ne-sais-quoi-d’autre, je restais indubitablement le même gamin maladroit.

─ Pardon. J’ai fait ça pour toi, fis-je en sortant le cadeau avant de lui jeter dans les mains. J’ai pensé que ça pourrait … t’aider à aller mieux. Enfin, non, qu’est-ce que tu racontes Peter ! Je veux dire, je me suis dis que ça pourrait te servir. Ca brouille les caméras. Je … Voilà. C’est pour les caméras.

Ma phrase se termina dans un sursaut aigu incontrôlé. Les bras ballants, dans une posture de défaite, je n’avais pas fière allure. Le super-héros était bien loin. Spider-Man m’avait abandonné me laissant seul face au plus terrible adversaire : une MJ en colère, et qui en avait tous les droits. Je jouais avec ce que j’avais entre les mains, la lançant dans les airs pour m’occuper l’esprit. En même temps que je jonglais pour détourner mon malaise, je la regardais avec attention et un détail me frappa. Le projectile tomba sur le sol en roulant un peu, dans un bruit de froissement de tôle.

─ Tu as pleuré, MJ ?

so this is how it all turns out. you’re the hero, i’m left down. i should’ve known you couldn’t stand for me and be a man. i still have dreams of you and i, i can’t tell the dark from light. i never thought i’d be the one you’d leave behind. but i will fight until the day the world stops turning, and they will fall to ashes, i will just keep burning. but tonight, i need you to save me. i’m too close to breaking, i see the light i am standing on the edge of my life. ( music ) -- peter & michelle.

michelle. ton prénom que tu es pourtant si peu habituée à entendre. encore plus venant de la bouche de celui qui jusqu’aux dernières nouvelles était ton petit ami. enfin, était-ce encore le cas ? pouvais-tu encore le qualifier comme tel alors qu’il avait disparu de la circulation et que tu lui faisais face seulement car tu avais réussi à l’intercepter malgré cette heure particulièrement tardive ? entendre ton prénom de sa bouche a lui tord l’estomac au point que ça te donne encore plus envie de vomir tes tripes mais tu ne montres rien. une contenance presque déstabilisante, même pour toi qui es pourtant si habituée à rester de marbre face à toutes les épreuves que tu te prends dans la gueule. – ravis de savoir que tu sais encore comment je m’appelle. c’est sorti tout seul, aucun contrôle sur tes paroles. t’avais pas pu t’en empêcher sans oublier que le ton était particulièrement assassin, mais c'était ta manière de lui faire l'éternel reproche de t’avoir presque oublié. ne pas retourner tes appels, ne pas se préoccuper de savoir comment toi et ned géraient la situation. vous, vous étiez exposé sans personne pour rien y faire : personne pour vous protéger, encore moins des pseudos avengers dont tu ignorais si ils existaient encore.
vous les gens normaux. ceux qui n’ont pas leur mot à dire, qui outre fermer leur gueule ne pouvaient rien faire.

t’es pas certaine de comprendre tout c’qu’il raconte, mais tu le laisse faire. bien vite, tu te retrouves à mettre ton visage dans une main en éternelle indignation face à son éternelle maladresse qui coûte une boite au lettre. comment t’iras expliquer ça à ton père encore ?
alors qu’il te lance le paquet qu’il avait si précieusement emballé, tu l’attrapes au vol et tu regardes pendant de longues secondes sans vraiment trop comprendre. c’est un peu grossier, mais l’attention te touche tout de même. tandis que ta chevelure brune tombe devant ton visage tu esquisses même un légers sourire, presque imperceptible. comme une confirmation qu’il pensait, ne serait-ce qu’un minimum a toi. qu’il t’avait pas totalement oublié. mais tu effaces bien vite cette légère perturbation, redressant enfin tes yeux bruns vers le jeune homme, visage toujours aussi ferme. – merci. tu réponds, d’une manière si froide que même une décharge de la veuve noire serait probablement moins douloureuse. tu gardes cette contenance au maximum, tentant, tant bien que mal de ne pas céder, lui courir dans les bras et montrer que tu étais heureuse qu’il soit bien sain et sauf. tu voulais, mais tu pouvais pas, car malgré cette envie, une majorité de ton esprit lui en voulait à en crever. tu ne luttais pas tant que ça d'ailleurs, tellement énervé, dégoûté, fatigué par le comportement du brun. tu baisses de nouveau le regard sur le dispositif lorsque sa question te percute. tu redresses la tête, rapidement et tu le fusilles d’une telle puissance du regard que si tu avais pu, il serait sans doute mort. la question etait stupide. tellement stupide. bien sûr que tu avais pleuré. tu avais pleurer dans les bras de ned, t'inquiétant pour l’homme araignée mais lui en voulant tout de même beaucoup trop. un nombre incalculable de larmes que tu gardais pourtant pour toi dans quatre dix pour cent du temps car trop terrifiée à l'idée de montrer tes émotions. – Vraiment ? tu demandes, simplement en haussant un sourcil, petit sourire sarcastique en coin. – tu disparais pendant des semaines et la seule chose que tu trouves à me demander, c’est si j’ai pleuré ? tu balaies la tête de gauche à droite, cette simple question te donne presque envie de pleurer mais tu prends sur toi, chassant les larmes qui pointent le bout de leur nez aussi rapidement qu’elles sont venues. – je sais pas, a toi d’me le dire. ma vie part en vrille, je peux pas faire un pas en dehors de chez moi sans avoir les journalistes aux trousses, les rumeurs s’enchainent. a ton avis peter, est-ce que j’ai pleuré ? tu le toises d’un regard noir, croisant les bras sous ta poitrine. tu sens ton palpitant battre, tu sens des frissons qui te parcourent le corps comme si tu manquais de t’effondrer. et pourtant, tu voulais juste qu’il assume ses actes, qu’il réalise la douleur que tu vivais depuis qu’il était parti.
tu t’en foutais de devoir subir toutes ces accusations, mais si au moins, il était là, avec vous. sauf que non, vous étiez livrés à vous même et ça, c'était le plus douloureux.

(c) mars.

L’appeler par son prénom complet n’était pas une bonne idée. Je le savais. Je l’observais patiemment alors qu’elle regardait mon cadeau, guettant une émotion quelconque. Juste un petit signe, l’esquisse d’une chose qui pourrait signifier que tout allait bien entre nous, que je n’avais pas tout merdé de A à Z. Mais ma dernière question était peut-être un peu trop indiscrète, trop impulsive. C’était une question conne. Évidemment qu’elle ne réagirait pas bien, j’étais vraiment le plus gros des cons. Pour se défendre, MJ réagissait toujours avec du sarcasme, un faux détachement qui ne trompait jamais longtemps mais qui avait toujours un peu d’effet. Sa petite phrase me frappa de plein fouet, je sentais que mon cœur s’alourdissait à mesure qu’elle me parlait avec ce ton, neutre, froid, si éloignée alors que je ne voulais que me rapprocher. Oui, je ne voulais qu’une seule chose : la prendre dans mes bras, la serrer si fort que j’aurais pu lui briser les cotes, lui montrer que j’étais toujours là. Symboliquement, c’est ce que j’avais essayé de faire avec mon cadeau. Même dans l’ombre, j’étais là – à surveiller, à protéger.

─ Par-Pardon. C’est juste … Que quoi Peter ? Qu’inconsciemment, tu pensais que ton départ ne l’avait pas blessé ? Bien sûr, bordel de merde, tu étais son petit ami ou ce qui s’en rapprochait le plus. Dans ma tête, j’étais toujours le gamin insignifiant qui se cachait derrière son ordinateur, incapable de s’exprimer correctement ou d’avoir suffisamment confiance en lui pour penser avoir une importance pour les autres. Je sentais qu’elle était au bord des larmes et, pour être honnête, j’avais aussi les yeux qui commençaient à me piquer douloureusement. Je ne sais pas quoi dire MJ, je ne sais pas quoi faire non plus. Je suis perdu, seul et désespéré.

Là, logiquement, si j’avais eu une once de courage, je serais parti la rejoindre, malgré son regard noir, malgré sa posture qui me défiait de faire un tel geste. Mais j’étais incapable de faire une telle chose, je ne me sentais pas le droit. D’habitude, ma langue s’agitait toute seule pour déblatérer des conneries, pour combler le vide par du charabia sans sens. Mais là, chaque mot me coûtait atrocement, chaque syllabe me heurtait profondément.

─ Je ne voulais pas vous mettre en danger. J’aurais préféré que personne ne sache que Peter Parker était Spider-Man mais, je n’ai pas eu le choix. Je n’ai pas choisi de vivre dehors, de me nourrir dans des centres pour SDF en attendant que tout se calme.

J’en avais trop dit. Pour le moment, je souhaitais garder cette partie de mon quotidien pour moi, pour ne pas paraitre plus pitoyable que je ne l’étais actuellement. C’était pour me justifier, pour lui faire comprendre que je souffrais aussi dans la situation, qu’elle mettait tout autant insupportable. La voir devant moi, sans pouvoir l’approcher, ressemblait à la punition de Tantale. Si proche et à la fois si loin, l’eau du bonheur qui s’évaporait alors que je m’approchais pour en boire une lampée. Je suis parti, c’est plus simple. Loin de moi, il y’a peut-être un espoir que les journalistes se lassent, qu’ils en viennent à vous oublier. C’est tout ce que je peux faire, disparaitre, détourner l’attention. Me cacher … comme un rat. Je me sentais prêt à faillir, prêt à exploser mais une fierté masculine m’empêchait de me laisser totalement aller. Je devais être fort. Tout allait bien. Oui, ça va, concentre toi Peter, ravale tes sanglots. Tu es plus solide que ça.

─ Il fait froid, non ? Tu es en pyjama, tu devrais rentrer pour ne pas tomber malade, MJ. Pourquoi, pourquoi tu t’évertues à raconter de la merde ? Je serrais les poings de colère. Comme si j’avais la moindre envie de la voir partir alors qu’on ne s’était plus vu depuis si longtemps. Je me fis violence pour rajouter quelques mots, la voix défaillante et la gorge sèche : Ou alors, on pourrait aller à l’intérieur ? Une phrase qui chutait dans le vide, emportée par le vent, si lourd de sentiments.

so this is how it all turns out. you’re the hero, i’m left down. i should’ve known you couldn’t stand for me and be a man. i still have dreams of you and i, i can’t tell the dark from light. i never thought i’d be the one you’d leave behind. but i will fight until the day the world stops turning, and they will fall to ashes, i will just keep burning. but tonight, i need you to save me. i’m too close to breaking, i see the light i am standing on the edge of my life. ( music ) -- peter & michelle.

tu voulais l’attraper et le secouer. lui faire réaliser qu’il n'était pas le seul à être perdu, sauf que certains d’entre vous n’avaient pas la même possibilité de pouvoir se volatiliser. le monde devait continuer de tourner, et c’est ce qu’il faisait, qu’importe ô combien may, ned et toi étiez actuellement malheureux. si le monde avait continué d’avancer sans vous pendant des années, il continuerait dans ce genre de situation. le problème était que de cette simple action, de ces révélations scandaleuses, toute votre vie partait en vrille. et toi mj, qui détestait tellement être au centre de l’attention devait supporter une dose d'anxiété telle qu’il était difficile de pouvoir sortir la tête de tes draps. a défaut d’avoir peter, heureusement tu avais ned qui traversait la même phase que toi et si l’entendre parler de star wars et des derniers legos sur lesquels il avait mit la main te faisait lever les yeux au ciel, tu restais bien contente qu’il soit là. parce que sans lui, tu ne sais pas comment tu tiendrais.
pourtant, tu ne dis rien. gardant le peu de fierté qu’il te reste en retenant les larmes qui menacent de couler sur tes joues. tu voulais pas lui montrer a quelle point cette situation était complexe pour toi, petite michelle jones, mais il ne fallait pas être einstein pour le savoir de toute manière.

les mots qui suivent te déchirent le coeur. en ne sachant pas ou il est, tu ignorais tout de sa situation et tu relativises silencieusement réalisant que certe, ta vie part en vrille mais qu’au moins, tu avais un toit et des parents qui s’assuraient que tu ai toujours de quoi manger. – tu n’as pas besoin de t’infliger ça peter. tu dis d’une voix qui est soudainement devenue bien plus calme. pendant un court instant, tu l’imagines, à devoir se battre pour survivre dans des conditions bien plus complexes qu’elles en ont l’air. pourtant bien vite tu repenses à tony stark, celui qui a l’origine l’avait sans doute entraîné dans toutes ces conneries. oui, peter était parmi les héros de cette galaxie mais tout d’meme. tu fronces de nouveau les sourcils, retrouvant un air tout aussi froid et tranchant. – tu n’as peut-être pas choisi la révélation sur ton identité, mais tu as choisi de t’isoler quand on aurait pu traverser ça tous ensemble. sans même parler de ned ou moi, est-ce que tu as songé ne serait-ce qu’une seule seconde a may ? c’est nous qui devons la ramasser à la petite cuillère après avoir disparu sans rien dire.

puis tandis que tu écoutes ses autres mots, tu t'énerves pour de bon. tandis que cette fois, les larmes commencent leurs descentes sur ta joue, le cadeau qu’il t’avait fait que tu avais encore jusqu'à présent entre les mains fini exploser au sol. si tes gestes peuvent être particulièrement déplacés, c’est la seule chose que tu avais à proximité a l’instant t. mais tes émotions prennent le dessus, peut-être une des seules fois ou il te verra vraiment exprimer ce que tu ressens, ou tu écouteras tes émotions. t’es pas d’un tempérament sanguin michelle, mais trop, c’est trop. et ta nonchalance habituelle disparaît pour faire place à un surplus d'émotions que même toi, tu n’es pas habitué à gérer. - arrête avec tes conneries peter ! tu lâches, plusieurs notes au-dessus de ton timbre de voix habituel pour montrer l'énervement et toutes les émotions qui se mélangent. – pendant que toi tu t’amuses à jouer au jeu du chat et de la souris, nous, on est constamment pris d’assaut. questions, rumeurs, commentaires quelconques, voir accusation de complicité. may a les services sociaux à dos tandis que ned et moi sommes presque certains que notre avenir est totalement foutu. tu lâches, incapable de retenir quoi que ca soit. tu t’avances vers lui et automatiquement, tes deux mains se posent sur ses épaules pour le pousser en arrière. – tu étais le premier a dire a quel point tu voyais monsieur stark comme un modèle et pourtant, tu dois le faire se retourner dans sa tombe. lui au moins assumait les scandales qui risquaient d’entacher son nom, mieux encore il les arrangeait ! tu le pousses une seconde fois, laissant toute l'émotion et la rage enfin sortir. après tant de temps à ne rien faire, à ne rien dire, à juste rester silencieuse, tu parlais, t’exprimais, enfin. t'étais en colère. contre lui, contre mysterio, contre monsieur stark, contre cette foutue araignée. – si tu le voulais vraiment, tu aurais le pouvoir d’arranger les choses ! t’es un putain d’avenger peter ! t’as combattu un géant tout violet qui a effacé la moitié de l’univers et t’es pas foutu de gérer les médias alors que t’as des contacts parmi les plus grands héros de cette foutue planète qui te trouveront un avocat en un rien de temps ?! tu laisses enfin un sanglot sortir d’entre tes lèvres et tu ramènes ton bras a ton visage pour tenter d’essuyer tes larmes. déçu, désemparée, fatiguée. – t’as pas encore compris que si t’arranges pas les choses de toi même, c’est qu’une question de temps avant qu’ils viennent pour nous.

t'étais tellement prise par tes émotions que tu en avais oublié tes genoux qui tremblaient par le froid. t’avais pas envie d’le ramener chez toi, pas après tout ça. pourtant tu repenses a ce qu’il t’a dit, et tu peux pas t’empecher de devoir agir. tu pouvais pas le laisser seul, dans les rues. si tu pouvais lui offrir un vrai repas, une douche et un endroit chaud pour la nuit, alors tu le fera. parce que dans l’fond, c’est c’que ferais toute petite amie cense non ? d’ailleurs qu’est ce que vous étiez exactement? difficile à dire désormais. tu glisses tes mains dans les manches de ton pull, cherchant les clés de ton bâtiment et bien vite tu t’rends compte que dans ta précipitation tu n’avais rien prévu et que vous étiez bloqué dehors. – j’ai oublié mes clés. tu lèves la tête, observant l’escalier de secours au dessus de vous. tu t’avances et tu sautes dans l’espoir de pouvoir faire tomber l'échelle mais c’est un autre échec. t’as beau être un peu plus grande que le brun, tu n’as pas ses aptitudes. alors tu reviens sur tes pas, évitant son regard et cet air toujours un peu boudeur mais qui démontre que tu as besoin d’aide. – tu crois que tu peux nous .. enfin, tu sais, faire ton truc la. tu dis en pointant d’un signe de tête la chambre de ton appartement à plusieurs mètres au-dessus de vous.

(c) mars.

Si tu avais pensé à May ? Evidemment que oui, elle était ta seule famille. Tu ne faisais que ça, penser à elle, et c’était la raison même de ton éloignement. Pour tenter de calmer la situation, de colmater la brèche. En agissant ailleurs, sans les contacter, tu espérais que les journalistes perdraient de l’intérêt, qu’ils finiraient par tarir la source et s’intéresser à des choses plus vendeuses. Un plan pourri, certes. Voulant lui répondre, tu esquissas un début d’argument avant de te raviser, la regardant ravaler des sanglots. Des larmes commencèrent doucement à couler sur les joues d’MJ, suivies par une explosion de colère. Ton cadeau, le travail de plusieurs jours, s’écrasa sur le sol dans un bruit pathétique de tôle et de papier cadeau. Ta première pensée – et tu n’en n’étais pas fier, puisque ce n’était pas le moment pour une telle chose – alla vers l’objet même : était-t-il cassé ? Pouvais-tu le réparer ? La voix cassante de la jeune fille te ramena àla situation et, penaud, tu l’observas les mains dans les poches, le regard lorgnant le trottoir. Te mordant les lèvres, impuissant face à la colère légitime de l’adolescente, tu encaissas sans broncher ses mots.

─ Je ne peux pas MJ, je suis accusé de meurtre et je ne peux pas prouver que je suis innocent ! Si je reviens, en plus de vous remettre sous le feu des projecteurs, je risque de faire de la prison ! Tu étais sincèrement surpris, candide. Quelle autre solution avais-tu, après tout ? Revenir mais peut-être finir par ne plus voir le jour, enfermé dans une cellule minuscule ? Ne plus pouvoir la voir, prendre le risque qu’elle puisse t’oublier ? Au moins, en vivant dans la rue, tu pouvais encore te balader dehors, respirer le soleil et profiter de l’observer pendant quelques secondes, à la faveur d’un toit dégagé ou d’une fenêtre donnant sur sa salle de classe. C’était mieux que rien. On ne pouvait pas se contenter de si peu mais ça suffisait à refréner ton envie de la prendre dans tes bras, de calmer un temps la peine qui t’accablait en te sachant si loin de tes proches. Je ne peux pas assumer, je n’ai pas la force de me battre. J’ai peur de ne plus jamais pouvoir être moi-même, de n’être plus que l’autre … Moi.

Et, sans prévenir, elle s’approcha, portée par l’élan de son émotion. Ses mains sur tes épaules, si proche de toi que tu pouvais sentir son odeur, son souffle à quelques centimètres de tes lèvres. Pour rester stoïque, immobile, il te fallait fournir un effort colossal. Même si tu rêvais d’une simple accolade, d’un câlin, se serait cracher sur sa peine que de soigner la tienne alors qu’elle était en train de se vider, de s’épancher. Oui, c’est vrai, ta solution n’était pas la meilleure : même à distance, ils finiraient fatalement par subir les affres de tes actes. Un jour, un vilain un peu trop fier viendra se venger sur eux. Et tu feras quoi alors ? Hein, Peter ? Si quelqu’un venait arracher le cœur de ta tante dans sa propre maison, quelle excuse auras-tu ?

─ Je … Je crois que j’ai besoin d’aide. Je ne peux pas revenir, pas encore … Mais, on peut y travailler, trouver un … Plan ? Tu étais maladroit, difficile de trouver les bons mots dans cette situation. Il te fallait faire un pas vers MJ, ne serait-ce que pour le calmer. La voir dans cet état t’étais insupportable après tout. La jeune fille essaya de faire descendre l'échelle toute seule, avant de revenir vers toi pour te demander de l'aide, un peu honteuse. L’agrippant par la taille, tu la soulevas un peu dans les airs avant de pointer ton bras vers la fenêtre. Une toile siffla dans l’air avant de s’agripper sur le rebord. Prête ? Et, dans le même mouvement, tu tiras en avant pour décoller, atterrissant dans la chambre avec ta copine dans les bras. Un peu gêné, tu la laissas partir précipitamment avant de te balader à l’intérieur, perdu sur la démarche à suivre. Je-Je peux m’assoir ? Ou alors je reste debout, hein ! Je peux même être au plafond, si tu préfères. Très drôle ça, bien joué bouffon. T’en as une autre du genre ? Non parce que je vois quelques toiles d’araignées, je serais à l’aise dans le coin, là. Mais putain. D'ailleurs, t'aurais pas quelques mouches à grignoter, ahah, miam-miam. Non ? Non.

so this is how it all turns out. you’re the hero, i’m left down. i should’ve known you couldn’t stand for me and be a man. i still have dreams of you and i, i can’t tell the dark from light. i never thought i’d be the one you’d leave behind. but i will fight until the day the world stops turning, and they will fall to ashes, i will just keep burning. but tonight, i need you to save me. i’m too close to breaking, i see the light i am standing on the edge of my life. ( music ) -- peter & michelle.

la tension redescend, comme si, telle un souffle, tu avais explosé et soudainement, ça allait mieux. t’avais maintenant plus l’air confuse, perdue, et surtout presque pathetique face a la verite qui etait que tu etais incapable de penser a un truc aussi simpliste que des cles. t'étais déstabilisé, prise d’un trop plein d'émotions quelconque qui te perturbait particulièrement.
et ainsi tu te retrouves contre peter. c'était si soudain que tu ne t’y étais même pas préparé, malgré ta requête pour t’aider. tu l’observes, quelques secondes. c’est bizarre de se retrouver aussi proche de lui, de pouvoir de nouveau laisser tes yeux glisser sur son visage. tu enroules tes bras autour de son cou et tu acquiesces d’un simple signe de tête. tu sais pas si t'étais prête, en fait tu détestais ça. tu n'étais donc jamais totalement prête. tu fermes les yeux et vient nicher ta tête dans son cou tandis qu’il vous soulève du sol, tu préfères bien évidemment ne pas voir la distance qui s’instaure entre vous et le sol.

tandis qu’enfin, vous arrivez sur ton balcon, tu ouvres la vitre de ta chambre et te hisses dedans, t’empressant de fermer après le brun. tu restes immobile, pendant de longues secondes, tentant de réaliser ce qui était en train de se passer. après des semaines de disparition, peter était dans ta chambre.
la.
tout de suite.
tu te retournes, l'écoutant. t’as beau être dos à lui, tu ne peux pas t'empêcher d’esquisser un léger sourire face à sa remarque. sa blague est drôle, mais tu te retiens, te pinçant les lèvres. tu te retourne, ce sourire ayant disparu pour reprendre ton éternelle resting bitch face dont toi seule a le secret. – ouais, le plafond me semble pas mal. si tu peux retirer les toiles pendant que tu y es, j’oublie toujours de le faire. ou tu peux peut-être demander à tes copines de dégager d’mon plafond aussi ? si le ton employé était loin de laisser place à la plaisanterie, c'était pourtant de quoi il en ressortait. tu voulais juste pas lui donner la satisfaction de savoir que tu rentrais dans son jeu, tu pouvais pas t’en empêcher.

– enfin bref. bouge pas, je reviens. tu dis d’un petit air totalement détaché comme si tu n’avais pas pleurer quelques minutes avant. tu sors de ta chambre, laissant la porte entrouverte et tu te diriges vers la cuisine dans la plus grande des discrétions en vue de tes parents qui dormaient dans la chambre de l’autre côté du salon. tu sors du pain que tu fais griller au grille-pain, tu sors la confiture et le beurre de cacahuète. tu étales sur quelques une la confiture, sur d’autres part le beurre de cacahuète. tu en gardes une pour toi, puis tu mets le tout sur un plateau. t'attrape une banane que tu prends le soin de couper tout en faisant deux chocolats chauds et deux verres d’eau. après une dizaines de minutes, tu prends la route de ta chambre, espérant vraiment que peter n’a pas profité de ton absence pour disparaître par la fenêtre.
tu pousses discrètement la porte, le plateau dans les mains et tu poses le tout sur ton lit. – j’me suis dis que tu devais avoir faim. tu déclares d’une petite voix.

tu laisses ton regard glisser sur les murs de ta chambre qui étaient recouverts de dessins que tu faisais pendant les fameuses heures de retenue et de divers posters. en soit une chambre d’adolescente parfaitement normale, rien de bien particulier à signaler ici.

(c) mars.

Les premières secondes passées, tu sentis l’atmosphère se détendre un peu. Même si MJ gardait son ton neutre, sarcastique, elle te répondit quand même sans te ridiculiser. Quand la situation devenait trop gênante, tu ne pouvais pas t’empêcher de parler, de vider tes pensées oralement. Ton laïus, complétement pathétique, avait quand même permis de changer de discussion, d’essayer d’occulter bêtement ce qui avait été dit plus tôt. Ca ne durerait pas, évidemment, c’était simplement le temps de quelques minutes. C’était un repos mental salvateur, et tu te surpris à respirer plus calmement, moins pris dans l’étau de tes sentiments contradictoires. Pour essayer candidement de la dérider, tu montas réellement au plafond pour aller en inspecter les coins, observant une petite araignée se faufiler entre tes doigts.

─ C’est une vraie question, d’ailleurs : tu crois que je peux parler avec elles ? Peut-être que si je pense très fort à quelque chose, je peux les contrôler et m’en faire une armée, dis-tu en fronçant les sourcils. Les lèvres proches de la bête, tu chuchotas des instructions avant de libérer la créature qui sortit par la fenêtre pour goûter aux friandises du soir. Promis, je lui ai rien demandé en rapport avec toi. Ce qui, en somme, voulait dire que c’était bien le cas. Pas de soucis, je t’attends là. Et l’idée de partir t’attrapa, mais ce serait alors véritablement dire adieu à la relation qui naissait entre vous deux.

Redescendant du plafond, tu t’approchas du rebord pour jeter un œil dans la nuit. Ton cadeau gisait encore sur le sol, accompagné de la boite aux lettres des Jones. Une toile s’envola pour cueillir les deux avant de les ramener vers toi dans le même mouvement. La surprise avait été endommagée mais tu ne pouvais pas savoir à quel point, et ce n’était probablement pas le moment de l’ouvrir pour en inspecter les composants. Tu la posas discrètement sur son bureau, sous une pile de vêtements. Sous le coup de l’émotion, elle pouvait de nouveau s’en séparer. Peut-être que ton objet serait mieux accueilli dans quelques jours ?

Il te fallait maintenant occuper tes mains pour combler ta gêne et tu te mis à compulser les livres d’MJ, sans vraiment pouvoir t’arrêter sur quelques lignes ou un paragraphe. Puis, perdu, tu commenças à observer les dessins de la jeune fille, jusqu’à finir par prendre un de ses carnets pour t’installer sur son lit, en tailleur. Que comptiez-vous faire à présent ? Il fallait discuter, mais de quoi ? De manière enfantine, tu espérais pouvoir faire taire le sujet, prétendre que tout allait bien et profiter d’une soirée avec celle qui partageait ton cœur. Était-ce un désir si naïf que cela ? À son retour, tu lui fis de la place auprès de toi, le plateau entre vous deux comme dernière séparation.

─ Merci pour la nourriture, je commençais à avoir faim. Et, sans attendre, tu saisis un morceau de pain avant de le dévorer, veillant à ne pas mettre de miettes sur les draps. Je suis désolé de m’incruster comme ça, j’avais … Oublié que tu avais probablement des choses à faire demain. Aller en cours, par exemple. J’espère que je ne ruine pas ta nuit, même si tu avais l’air déjà réveillée. C’était peut-être un poil trop tard pour ce genre de réflexions, tu ne crois pas ? Tu passeras le bonjour aux autres pour moi, à Ned et May ? J'aurais aimé le faire moi-même ... Tu te tournas vers elle en posant ta tête sur ta main gauche, l’observant longuement alors que tu réfléchissais. J’ai rencontré quelqu’un, MJ. Attention à ce que tu dis, Peter, ça pourrait être mal interprété. Alors non, pas comme ça. Personne sauf toi je veux dire, bien entendu. Tu t’approchas un peu plus d’elle, pour lui parler sous le ton de la confidence. Je sortais d’un refuge, un soir, et un inconnu m’a abordé. Reed Richards en personne. Il veut m’aider, il m’a même proposé d’aller vivre un temps chez lui, avec sa famille. Tu imagines ? Les quatre fantastiques ? Mais je ne sais pas si c’est une bonne idée, ça ne ferait que déplacer le problème, non ? Tu en penses quoi ? J’imagine que je pourrais prendre un avocat ? Je suis complétement perdu et j’y connais rien en droit. J’ai une chance, à ton avis ?